
Bien que je suis à la base francophone, je me définie surtout comme personne bilingue.
J’ai grandi dans une
famille francophone. À la maison, on ne parlait qu’en français, d’ailleurs, mon
père ne parlait pas beaucoup l’anglais. Ma mère pour sa part travaillait au
Parlement comme sténographe pour les débats français de la Chambre des
communes. La maison était toujours remplie de livres car ma mère adorait la
lecture et elle avait toujours un livre à la main (elle ne lisais qu'en
français). J'ai beaucoup aimé lire la série "Martine" et "La
Contesse de Ségur. En famille, on écoutait surtout de la musique francophone et
souvent on pouvait entendre du Pierre Lalonde, du Renée Martel ou du Mireille
Mathieu à la maison. Pour ce qui est de la télé, on écoutait principalement des
émissions et films francophones (même si la plupart des films étaient des
traductions de films américains anglophones comme ceux de Jerry Lewis et Elvis
Presley).
J’ai aussi fait tout mon éducation en français (école primaire et secondaire).Bien que la grammaire ne fût pas mon fort, ma mère était toujours disponible pour corriger mes travaux car elle avait un français impeccable. Avec mes amis, tout se passait en français…jeux, discussions et cinéma.
J’ai aussi fait tout mon éducation en français (école primaire et secondaire).Bien que la grammaire ne fût pas mon fort, ma mère était toujours disponible pour corriger mes travaux car elle avait un français impeccable. Avec mes amis, tout se passait en français…jeux, discussions et cinéma.
Après le décès de ma mère,
j’ai dû me débrouiller tant bien que mal et mes notes en français en ont
soufferts quelques peu. C’est à l’adolescence que tout a changé. Au sein de mon
groupe d’ami(e)s, c’était « à la mode » de parler « franglais ».On prenait
plaisir à mélanger l’anglais et le français .J’ai commencé à écouter que de la
musique anglophone seulement, à regarder des émissions de télé américaines et à
parler de plus en plus anglais (par choix ou par habitude je n'en suis pas
certaine).
Je me souciais peu de préserver ma langue
maternelle, laissant cette tâche aux autres. J’étais confiante que c’était un
acquis et je ne perdrais jamais mon français. Mais à force de mettre plus
d’emphase sur l’anglais, petit à petit j’ai amélioré mon anglais et quelques
peu perdu mon français. Une amie m'a déjà dit que j'étais une anglaise, je
pensais en anglais (affirmation que je ne pris pas comme une insulte).
En 1982, j’ai rencontré
Serge. Pour lui, parler français n’était pas seulement un choix, mais plutôt un
besoin. Il n’écoutait que de la musique francophone, lisait que de la
littérature francophone ou québécoise et regardait des films et émissions
francophones seulement. Il était fier militant pour les droits des
francophones, surtout hors Québec. Ayant vécu les 10 premières années de sa vie
à Hull, il avait un amour profond pour la langue française duquel je me
souciais peu. Pour moi, c'était tout aussi facile de m'adresser en anglais,
donc je n'y voyais aucuns problèmes.
À défaut et à l’usure, ses goûts et
préférences pour la langue française devins les miens. On choisit d’élever nos
enfants en français (école, livres, films et émissions en français) bien que
l’influence anglophone était toujours présente (surtout à cause des amies).
J’ai accepté volontiers cette
voie pour mes filles, mais pour ma part, j’ai choisi de continuer de privilégié
l’anglais dans mon travail, dans mes passe-temps et mes loisirs. Ceci ne m’a
pas empêché d’aimer et participer à la culture et loisirs francophone avec mes
filles et Serge. À mon avis, c’était un heureux mariage des deux langues.
Je me suis toujours
questionnée sur la raison pour laquelle on nous demandait de choisir l’une ou
l’autre des deux langues. Ne peut-on par vivre en harmonie entre anglophones et
francophones. Malheureusement, ceci n’est pas toujours la réalité. Au cours des
dernières années, j’ai réalisé qu’il est important de maintenir notre langue
afin de s’assurer que nos besoins soient respectés. Il faut demander des
services en français et ceci est doublement important lorsque je dois me
présenter à l’hôpital.
Il me semble que lorsqu’on est malade, c’est
important de se faire servir en français, c’est pourquoi je choisi souvent
l’Hôpital Montfort. Et dire qu’il y a quelques années, le gouvernement
provincial voulait fermer Montfort. Heureusement pour les francophones de la
région et des petits villages environnant que Gisèle Lalonde a réussi, à
travers son travail acharné, à renverser la décision.
Bien sûr, je préfère encore
l’anglais pour ma correspondance, je compose mes textes et documents
principalement en anglais (surtout à cause de mon insécurité face à la
grammaire), et je continue à regarder des émissions et films en anglais. Je
suis maintenant accro des téléséries francophones (souvent plus que Serge) et
j’adore découvrir des chanteurs et chanteuses francophones/ québécoises.
Pourtant, le bilinguisme me tiens à cœur. Je
m’affaire à le faire respecter dans l’exécution de mon travail surtout puisque
je travaille en communications Web (destinés à tous les canadiens).Être
bilingue m’a apporté plusieurs avantages comme employé au gouvernement et je ne
pourrais pas occuper le poste que j’occupe si je ne l’étais pas. Oui,
j’aimerais parfois m’adresser en français plus souvent durant les réunions et
je sais que c’est mon droit de le faire si je le désire. Mais j’avoue que j’ai
tendance à m’adresser en anglais en premier et ce, pour me faire comprendre par
mes collègues. Après tout, je ne suis pas de nature combattante et donc je
choisi de m’ajuster au lieu d’insister d’être accommodé.
Je suis bilingue et j’en
suis fier. J’ai un amour partagée pour les deux langues et «entre les deux mon
cœur balance».
Je regrette seulement de n’avoir jamais
appris une troisième langue….se pourrait être un beau projet de retraite, qui
sais.
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À noter : veuillez excuser
les anglicismes et les fautes de français.